Hello, j'avais indiqué il y a quelques mois déjà que j'avais en défi de finir la cyclo du Tour du Mont Blanc. C'est fait. Voici le CR
Le pourquoi du comment
Tout débute il y a plusieurs mois (fin de l’année dernière il me semble) où sur un coup de tête je décide de m’inscrire sur la cyclo qui se définit comme l’épreuve sur route d’une journée la plus dur du Monde. L’objectif : voir où se situaient mes limites d’endurance sur un vélo.
L’entrainement
La préparation a débuté en début d’année avec pas mal de séances de home trainer orientées vers du travail d’explosivité en bosse afin de m’améliorer dans les passages des raidars. En Avril, je participe à nouveau au triptyque Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège afin de voir où j’en suis dans ma préparation (La cyclo est dans environ 3 mois). Je me rends compte que le travail sur home trainer paie. Je parviens à rester beaucoup plus longtemps au seuil (20min à 180bpm) et que j’ai gagné en force (je parviens à changer de ligne et à accélérer sans trop de difficultés sur les pavés de Paris-Roubaix). Le gain de force se fait aussi ressentir sur le VTT où j’ai tendance à mettre plus gros tout en gardant la même fréquence de pédalage. J’essaye aussi de caler quelques sorties route de 150-200km pour apprendre à me gérer mon alimentation en début de sortie (j’ai toujours une fringale autour du 120e -130e km)
A partir de là, l’entrainement va devenir beaucoup moins rigoureux en raison des contraintes professionnelles. En effet, un changement de mission et un déménagement de 800km passent par-là (on est au mois de Mai). Je m’efforce à faire de longues distances en route avec du dénivelé (je sais que j’ai les jambes pour faire 330km mais je ne sais pas pour les 8000m de d+) pour l’endurance et passer plus en force en VTT pour gagner en puissance.
Mon arrivée dans le Sud de la France va me permettre de trouver un terrain de jeu beaucoup plus vallonné avec des montées plus longues. Il reste un mois et demi. Mes entrainements se font exclusivement dehors (il fait beau, au temps en profiter). La fréquence des sorties varient de 1 (lorsque je n’ai pas le temps ou pas la motivation) à 3 par semaine. Le col de la Gineste (5,5km à 4,5% de moyenne) va me servir de base pour m’habituer à faire des montées de plus de 15min. Je pousserai deux entrainements jusqu’au col de l’Espigoulier (11km à 5% de moyenne) pour prendre mes repères sur les montées un peu plus longues.
Fin Mai, je pars sur un coup de tête tenter le Ventoux par les 3 côtés. En effet, ce défi correspond à peu près à la moitié du challenge qui m’attend. Ainsi, ça va me permettre de prendre conscience de ce qui m’attend. La fin de la dernière montée est dure (voir mon CR sur cette sortie). Je me dis qu’il va falloir que je fasse ça deux fois, je commence à prendre peur. Il va clairement falloir que je parte tout doucement. (
http://forum.veloder.../page__st__2955 message #2969)
3 semaines avant, je m’impose une dernière grosse sortie de 225km avec 2400m de d+ car je n’avais pas fait plus de 150km depuis un bon bout de temps. La gestion de l’alimentation se passe bien mais l’hydratation a été un calvaire en raison des fortes chaleurs ce jour-là (température frôlant les 40°C). Je finis avec une grosse insolation. Il faudra que je fasse gaffe car en montagne, les écarts de températures peuvent être énorme (on passe plusieurs fois à plus de 2000m).
Les dernières semaines seront de petites sorties entre 60 et 100km juste pour faire de la bosse histoire de me rassurer (mais je continue à flipper) car ma préparation ne s’est pas déroulait comme je le voulais (par manque de temps et parfois d’envie je le reconnais même si je sais qu’il faut écouter son corps et que ce n’est pas bon d’aller rouler à contrecœur).
La cyclo du Tour du Mont-Blanc
Le Vendredi
Le weekend W est arrivé. La cyclo a lieu le Samedi. J’arrive sur la place la veille en début d’après-midi (je voulais au départ arrivé le Jeudi soir mais les 4h de route après le boulot m’auraient fait arriver beaucoup trop tard). A peine arrivé, je pose mes affaires et part faire un petit tour avec le copain qui m’héberge histoire d’évacuer la fatigue de la voiture. Il me propose de partir en pèlerinage sur la côte de Domancy. Il s’agit de la bosse qui a sacré Bernard Hinault champion du monde. La côte est courte mais assez pentue (2,5km à 9,5% de moyenne). Je choisis de taper un peu dedans histoire de débloquer la machine. Les jambes ont du mal à tourner et le cardio n’est pas au rendez-vous. Je me demande vraiment dans quoi je me suis embarqué.
Une fois rentré, je pars cherché ma plaque. Je n’avais pas vraiment fait attention mais il me faut plus de 40min de voiture pour aller au lieu de départ. Je commence à calculer l’heure du réveil du lendemain. Ca sera 3h pour ne pas être trop stressé. Je retire mon pack. Il est composé de la plaque de cadre, d’un roadbook et d’un maillot de cycliste (je me suis juré de ne le porter que si je finissais l’épreuve). On a ensuite le droit à un petit briefing sur l’épreuve notamment sur les règles de sécurité ainsi que sur les conditions météo. Le soleil doit être au rendez-vous et les températures pas trop chaudes dans la vallée et pas trop froides au sommet. Je m’aperçois que je n’ai pas pris la veste de pluie, j’espère que les prévisions sont bonnes. Le speaker nous dit que les derniers de l’année dernière sont arrivés autour de minuit, je me dis qu’il faut avoir un sacré mental. On sent la tension parmi les participants. Le gars a côté de moi semble encore plus stressé. On commence à discuter sur la préparation et l’épreuve. Je m’aperçois que ma préparation n’a pas été si horrible que ça. Ca rassure un peu. Après le briefing, je rentre.
Un plat de riz est au menu. J’en profite pour analyser le parcours (cf ci-dessous). Je me couche à 21h et ne m’endors que vers 22h. Première difficulté, réussir à se convaincre de ne pas grappiller quelques minutes de sommeil en plus par rapport à ce qui était prévu. Le réveil est donc mis à 3h.
Le parcours
330km pour 8000m de d+. Jusque-là, rien de nouveau. Je calcule les moyennes à tenir pour respecter les portes horaires.
La première est au bout de 110 km. Il faut l’atteindre avant 10h30 si on ne veut pas être dévié vers un raccourci et 11h si on ne veut pas être arrêté. Ca fait un peu plus de 20km de moyenne. Je me dis que c’est énorme avant de voir que le profil est largement descendant avec « seulement » 1500m de d+, ça devrait donc passer sans trop de soucis.
La deuxième porte horaire est au bout de 275km. Il faut l’atteindre avant 20h. On est sur une moyenne de 18,3km/h ravitos compris. Il ne va pas falloir trop chômer. Un calcul rapide me permet de déterminer la moyenne à tenir dans les bosses, on est autour des 10km/h. Ca va être juste mais c’est jouable.
La dernière porte horaire est 20km après à 22h30. 2h30 pour faire 20km mais de montée (on prend 1000m de d+). On est sur du 8km/h de moyenne. Même cuit, je les tiens donc pas de soucis.
L’objectif est donc de viser la deuxième porte horaire. Si elle passe, les autres passent sans soucis.
Le Samedi
Préparation
Je me réveille seul à 2h50. C’est bon. Par expérience, ça veut dire que je suis en forme et que mentalement je suis prêt à monter sur le ring (ou du moins sur le vélo). Je prends mon petit-déjeuner, charge la voiture et prend la direction du départ. Arrivé sur place, je me rends compte que le GPS n’est qu’à 33% de batterie. La charge a buggué car la batterie était à 100% sur le secteur. Bon, ce n’est pas grave, j’avais quoi qu’il arrive pris ma batterie externe car l’autonomie n’est que de 12h alors que je prévois de faire la sortie en 16h. Je branche donc le GPS. Second problème, je me rends compte que la batterie charge par à-coup, comme si le câble ou la prise avait un faux contact. Je trouve une position qui fonctionne. (Afin d’être tranquille, je ne brancherai la batterie externe que
dans certaines montées car la charge déconne avec les vibrations dans les descentes).
Descente des Saisies
Après ce petit coup de stress, je me positionne sur la ligne 15min avant le départ. Tout le monde est silencieux et concentré. Il ne fait pas chaud. 5h pile, le départ est donné. On attaque la première descente. Elle est neutralisée pour des raisons de sécurité. La route est vraiment dégradée à certains endroits. Je me dis que ça va descendre tranquille puisqu’il faut rester derrière la voiture ouvreuse. Sauf que non, ça descend déjà à plus de 60km/h pour les premiers. Ne voyant rien avec mon éclairage (j’avais choisi de ne pas prendre ma grosse lampe de VTT qui est lourde) mais seulement ma petite loupiotte de vélo qui est très bien pour le plat à 30km/h mais pas pour de la descente de col), je suis crispé sur les freins en début de descente, je tente de me décontracter mais ce n’est pas facile. J’essaye de ne pas prendre de risque (même si l’analyse GPS me dira que j’ai fait des pointes à plus de 50km/h). Je regarde vers le bas pour voir où sont les premiers, ils ont déjà quasiment 2min d’avance. Le balai des éclairages le long de la route rend super beau. On aurait dit un serpent lumineux (ça faisait très descente aux flambeaux).
Vaudagne
Le jour commence à se lever. Ca fait du bien de voir enfin quelque chose. Le parcours est plutôt roulant sur les premiers km, je me mets en position de baroudeur et dépasse plusieurs groupes qui n’avancent clairement pas. J’accroche un groupe autour du 40e km et ne resterait avec eux que 3km. En effet, ça commence « enfin » à grimper (600m de d+ en deux parties). Ca grimpe un peu vite pour moi, je laisse partir. Je choisis de bien mouliner en exploitant au maximum le 34/28 (les braquets utilisés sont un 50-34 à l’avant et une cassette de 11v en 11-28). Les jambes tournent vraiment bien. Je sens que je suis dans un grand jour. J’en vois déjà certains qui montent en force (pas sûr qu’ils aient finis). Je m’étais dit avant le départ qu’il fallait que je m’alimente bien en début de sortie pour ne pas le payer par la suite mais j’ai vite oublié mes bonnes résolutions (je le payerai par la suite). La première heure se fera à 38,7km/h de moyenne. Je me dis que c’est normal compte tenu du profil (on a globalement pris 1000m de d- sur ce début de parcours).
En haut de la montée, arrive le premier ravitaillement (56e km, Vaudagne), j’en profite pour me soulager. Manger et remplir les poches de barres de céréales et gels (les ravitaillements seront très copieux avec en fonction de la position sur le parcours de l’eau, du coca, du thé, de la boisson énergisante, du salé, du sucré, des pâtes).
A la sortie du premier ravitaillement, j’accroche un groupe qui roule bien. Le parcours est plat. Ca me permet de rester planqué dans les roues pendant 8km (j’ai roulé seul les premiers km, je ne vais jamais tenir la distance sinon). Je retombe sur le gars avec qui j’avais discuté la veille. Pour lui, tout va bien pour le moment. On traverse Chamonix (66e km). La vue sur le Mont-Blanc est juste magnifique. Le sommet est dégagé. Et là, horreur, je m’aperçois que le GPS vient de s’éteindre. Ca ne doit pas faire longtemps car je l’avais regardé. Je le rallume, normalement la trace n’est pas coupée comme je n’avais pas arrêté le chrono. Ouf, c’est le cas. Au moment d’enregistrer, il s’éteint à nouveau. Je le rallume et là horreur, le chrono est à 0. J’espère que la sauvegarde à fonctionner. Il faut que je me le fasse rembourser car ce n’est pas la première fois que je perds une trace car le GPS a planté ou s’est éteint (ça ne m’est jamais arrivé avec l’ancien). J’aurai clairement les boules de ne pas avoir toute la trace. Maintenant que je ne pourrai plus prendre la photo de l’écran avec les statistiques de l’intégralité de la sortie, je décide de faire des sauvegardes régulièrement, je rassemblerai les traces avec le PC. Au final, je n’aurai perdu qu’1,5km de plat dans cette mésaventure donc ça va.
Col des Montets et Col de la Forclaz
Deux nouvelles petites bosses arrivent, la première (70e km) fait 340 de d+ et la seconde (80e km) 200m de d+. Ca passe bien. On passe ainsi le col des Montets et le col de la Forclaz. Entre les deux, on a passé la frontière et on est maintenant en Suisse.
On attaque la première grande descente (environ 10km à -10% de moyenne) pour arriver dans la vallée. La qualité de la route à flanc de montagne me permet de profiter du superbe panorama qui m’est offert sur la vallée.
J’arrive au ravito 2 et première porte horaire (110e km, Martigny). Je me ravitaille et retombe sur le gars de la veille. Je regarde l’heure, il est 9h. 1h30 d’avance sur la barrière horaire sans forcer. Je comprends maintenant pourquoi l’organisation nous a dit que si on n’était pas là à 11h, ils nous stoppaient car on n’avait pas le niveau. Je me ravitaille, calcule la moyenne à tenir pour attraper la seconde porte horaire. 165km à faire en 11h, 15km/h de moyenne, c’est jouable mais il ne va pas falloir trainer dans les descentes et aux ravitaillements car on attaque la partie compliquée du parcours. Je vérifie ma cassette car je m’étais rendu compte qu’elle ne tournait pas droite. Il y a un jeu énorme, je pense que les roulements sont morts. Tant pis, on va continuer comme ça.
Champex - Lac
Juste après le ravitaillement, ça tourne à droite et c’est parti pour la montée vers Champex – Lac (montée de 11km à 8% de moyenne). Ca pique, la montée est interminable, j’ai l’impression de ne plus avancer. Je double du monde mais d’autres personnes me doublent. Quand je pense à ce qui m’attend, je me dis que ça va être très compliqué. J’arrive enfin au sommet. Je prends quelques trucs à grignoter au ravito 3 (120e km) et repars. Il faut que je profite de la descente (10km) pour récupérer car les gros morceaux m’attendent.
Grand Saint-Bernard
(On a pris le col au km6 à Orsières)
J’arrive au pied du premier monument (131e km) : le col du Grand Saint-Bernard (25km à 6% de moyenne). J’attaque la montée mais les jambes ne tournent plus. Je commence à être en fringale. On est au 130e km, pas étonné. Je n’ai pas assez mangé sur la première partie. Je m’arrête pour vider 2 gels et repars. Je grimpe doucement et prend mon mal en patience. Arrive le ravito 4 (145e km). Je demande il reste combien de km jusqu’au sommet, on me dit 12 mais que le col ne commence réellement que dans 5km. Je repars et sens que ça va mieux. Je continue à tourner les jambes et à bien m’alimenter. On arrive à ce fameux début de col. La route principale part dans un tunnel sur la gauche et nous prenons à droite. Et là, je comprends lorsque le gars m’a dit que le col débutait là. Jusqu’à présent, la route était entre 3 et 6 % avec quelques passages à 7%. Là, on attaque à 7% pour augmenter progressivement jusqu’à 9%. Les coups de pédales sont durs, on sent qu’on commence à être haut (on est à 2000m et on va jusqu’à 2469m). En plus, le vent commence à se lever. Il ne fait pas chaud. Je suis obligé de m’arrêter pour remettre les manchons. J’arrive enfin au sommet. On passe en Italie et redescend très légèrement pour atteindre le ravito 5 (157e km). Je mange, me met un peu à l’abri dans le camion de l’organisation pour me protéger du vent. Je me dis « Une de moins à faire ». Bonne nouvelle la fringale est passée.
Une fois prêt, j’attaque la descente. 34km avec une perte de 1900m, un pur bonheur. La route est propre, les virages ont de la visibilité pour la plupart ce qui permet de les passer à la corde. Arrivé en bas, je suis content que ça finisse car je commençais à avoir mal dans les bras. Mes problèmes de roue libre se confirment, ça fait un bruit de crécelle par moment. J’espère que ça va tenir.
Petit Saint-Bernard
Arrivé en bas (191e km), la transition dans la vallée est un long faux-plat montant (450m sur 33km) jusqu’au pied du Petit Saint-Bernard. Sur les 7 premiers km, je me retrouve seul avec le vent dans le nez avant qu’un groupe ne me dépasse et que je puisse m’abritait jusqu’au ravito 6 (216e km). Je prends deux assiettes de pâtes car je sens que ça va encore être long. Je regarde le profil et les portes horaires. Je me dis (à tort mais je ne le verrai que par la suite), que j’ai 4h30 pour faire 29km. C’est bon, je suis large.
J’attaque le Second monument : le col du Petit Saint-Bernard (23km à 5% de moyenne). Les jambes tournent bien, les 10 premiers km se font sans aucun souci. Quand tout d’un coup, une douleur juste au-dessus du genou droit apparait. J’ai attaqué trop fort le col et mon corps me le fait payait. Je m’accroche. Les 6 derniers km sont horribles. Le vent s’est levé. Je n’avance plus. Je commence à pédaler au moral. Ca serpe beaucoup mais le vent est principalement de face sur des portions totalement dégagés. J’ai estimé la longueur du col à 20km, les 3 derniers sont affreux car je ne vois pas le bout. Je me dis (encore à tort) que la dernière porte horaire est en bas de la descente et qu’il faut que je m’accroche.
J’arrive au sommet, le ravito 7 (245e km) est là. J’ai réussi à atteindre la porte horaire (qui n’était en vraie pas là mais je ne le saurai qu’après). On revient en France. Je me force à manger car le mélange de toutes les boissons avec les produits sucrés et salés mais aussi des gels couplé à l’effort à commencer à me retourner l’estomac. J’ai les jambes fatiguées. Ca caille sévère avec le vent. Je ne m’attarde pas trop car un autre est en bas de la descente de 30km. Celle-ci est superbe avec de beaux paysages.
Cormet de Roselend
J’arrive au ravito 8 (276e km, Bourg Saint Maurice). Il est 19h. En discutant, je m’aperçois que ce n’est pas la porte horaire de 22h30 mais celle de 20h00. Je suis malgré tout dans les temps. Je me rends compte que mon ânerie aurait pu me coûter cher. J’ai du mal à descendre du vélo. Le dos et les épaules me font souffrir. Je reprends un plat de pâte car la première fois, ça m’avait bien aidé. Je regarde le profil. Je prends un gros coup au moral. La bosse qui arrive fait 20km de long pour 1000m de d+ (5% de moyenne) et qu’il y a encore une montée de 6km pour finir (elle en fera plus). Encore 26km de montée et 1600m de d+. Jamais je n’y arriverai. Je regarde l’heure. Le soleil commence à être bas et vu l’éclairage que j’ai. Il faut que je prenne une décision. Je me dis que je n’ai pas fait tout ça pour rien, que beaucoup de personnes comptent sur moi. J’ai aussi encore la frustration d’avoir lâché pendant la MB Race de l’année dernière et je n’ai pas envie de revivre ça. Je décide donc de repartir. Il est 19h15. J’ai 3h15 pour faire 20km et atteindre à la dernière porte horaire qui est à 22h30. Je n’ai pas besoin de me presser. Je me mets complètement à gauche et je mouline. Les 4 premiers km sont faciles, ça m’inquiète. J’avais raison, les autres km sont à plus de 6% de moyenne sauf deux portions à 2% qui permettent de souffler. Quelques personnes me doublent à une vitesse folle (je me dis qu’ils font partie des équipes en relais qu’il y a sur le parcours pour ne pas me saper le moral). J’en double d’autres. On s’encourage et on se demande ce qui nous a pris d’avoir cette idée conne d’inventer l’école de s’être inscrit. Je n’ai plus rien dans le sac. Je tourne au Motivex et à la Moraline. La montée est interminable. On prend le vent de face. Je relance par moment en danseuse pour soulager les muscles et le dos (étonnement, j’arrive remettre un peu de braquet dans cette position). J’arrive en haut au ravito 9 (295e km). Il est 21h15. J’ai réussi. Je n’ai plus à regarder la montre. Je suis obligé de m’assoir car les jambes ne me tiennent plus beaucoup. Je tente de manger mais ça passe très difficilement. La nuit commence à tomber. J’attaque la descente. Les 6 premiers km se passent bien. Je lâche complètement les freins car je veux absolument atteindre le bas avant de ne plus rien voir (je ne compte pas sur l’éclairage). Au bout de 5km, un morceau de plat d’environ 2,5km (je dis plat parce que je vois maintenant le profil mais dans l’effort, j’ai cru que ça montait). C’est reparti pour la descente. Ca y est, on arrive dans les sous-bois, je ne vois plus rien et il reste 10km. Je suis debout sur les freins (j’atteins malgré tout des pointes à près de 40km dans le noir le plus total). C’est l’horreur. Je rate presque deux épingles. Puis je vois un véhicule avec les warning. C’est l’organisation qui est là pour nous indiquer de tourner. Voici la dernière montée.
Montée vers les Saisies
Je regarde fixement le petit halo de lumière qui est devant ma roue. Je ne cherche pas à savoir combien de km il me reste. Je débranche le cerveau et me mets en mode automatique. Je me fais doubler par plusieurs personnes qui ont des voitures suiveuses qui leur éclairent la roue. Je ne lève pas la tête. On arrive dans Hauteluce. Je me dis « C’est fini », la ligne doit être proche. On traverse la ville et là, je vois le panneau « Les Saisies », 7km. Il s’avère que la montée ne faisait pas 6 km comme je le croyais mais 16. Les 7 derniers km furent les plus long de ma vie. Je vois enfin le panneau « Les Saisies », j’entends le speaker, je vois la ligne, je la franchis à bout de force. Je demande à un gars de l’organisation de m’aider à descendre du vélo et je m’écroule. Les jambes ne me portent plus. On est obligé de m’aider pour me relever. Je suis congelé. Je ne réalise pas. Un repas est compris dans l’inscription mais je suis au bord de la nausée, le corps ne peut plus rien absorber. La seule chose à laquelle je pense, c’est rentré pour aller dormir. Au moment de reprendre la voiture (il était 00h20), le speaker annonçait les derniers à encore 6km soit quasiment 1h de vélo. Je serai finalement au lit vers 1h30 du matin après mettre arrêté sur le bord de la route pour dormir 20min).
Bilan
Activité Strava
Je l’ai fait. J’ai fini le parcours. Il est 23h45. J’ai mis officiellement 18h 43 avec 16h28 de pédalage. Je repense au briefing de la veille et du présentateur qui disaient que les derniers l’année dernière étaient arrivés autour de minuit. Au final, 1300 participants, 413 finishers, je finis 364e.
J’explose mes records suivants :
- Distance : +50km
- Dénivelé : +3500m
- Durée de pédalage : +6h30
- Durée total : + 6h15
respect ... ça c'est du défi !!!
